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    Vendredi 29 juin 2012, 18h30 (ou presque) rue Napoléon, Banyuls-sur-mer.

     

    Une fourgonnette de la police municipale bloque la rue, 3 policiers et le maire Jean Rède en débarquent, tel St Louis sous son chêne, le maire vient sur place rendre « sa » Justice !

     

    La responsable de ce déploiement de force municipale ? Une jeune Passionaria dont la faute est de résister aux injustices de façon originale, en fabriquant une banderole de soutien-gorge, qui symbolise son cri de guerre à elle : « JE SOUTIENS ! »

     

    Un cri aussi puissant et radical que le « J’ACCUSE ! » de Zola !

     

     Au fil des jours la banderole s’est étoffée de nouvelles oriflammes multicolores pour devenir, en ce fameux vendredi 29 juin 2012, aussi impressionnante que l’immense drapeau de la gay pride.

     

    Ceux qui étaient troublés par ces pièces de l’intimité féminine flottant, glorieuses et impudiques, au grés de la Tramontane ne laissaient rien voir, chacun souriait sans même s’arrêter… on est dans le sud et c’est l’été, tout est permis ou presque. Et puis, on voit pire à Ibizza !

     

    Mais voilà, juste en face la maison de notre blonde Passionaria se trouve celle d’Albert Coste, 4e adjoint de Jean Rède le vieux maire destructeur d’environnement paysager, grand dépensier des deniers locaux et qui ne rate pas une occasion de traiter ses opposants de « cons », par voie de presse de préférence afin sans doute que le plus grand nombre en profite !

     

    Albert Coste dit « Bébert » est un fidèle de Jean Rède qu'il a toujours soutenu aveuglément et sans se poser de question, ce qui veut dire que JR ne peut rien lui refuser. En ce vendredi, il a décidé de faire rendre gorge à la gourgandine, qui provoquait son copain Bébert en exposant dans la rue et haut par-dessus tête (hauteur du premier étage exactement) des dessous affriolants laissant imaginer des terres inconnues que l'offensé ne visiterait jamais. Plus grave, elle a refusé d'obtempérer aux injonctions de retirer les "drapeaux" que la police est venue lui faire.


    Bébert n’en peut plus des provocations à répétition que son indomptable voisine lui inflige chaque fois, et c’est souvent, qu’il fait une crise d’autoritarisme. Non seulement l’impudente n’obtempère jamais, mais en plus elle n’a peur de rien, ni des menaces, ni des hurlements, ni des flics et a toujours le dernier mot, ce qui met Monsieur le 4e dans tous ses états !

     

    Tant d’arrogance envers les représentants de la loi et de cruauté mentale envers Bébert méritaient d’être sévèrement punies par un déploiement de force que JR accomplit en donnant de sa personne, ce qui nous a valu une demi heure parfaitement réjouissante et totalement surréaliste, comme on n’en voit qu’à Banyuls quand JR est aux commandes de la cité.


    Jean Rède veut donner une bonne leçon à la révolutionnaire locale et du même coup rendre sa dignité à son cher Bébert, mais ce geste d’amitié est à ses risques et périls car B… a, en plus du courage, le talent de se défendre avec l’arme la plus redoutable qui soit : l’humour, qui met les rieurs de son côté et ridiculise ses adversaires et, détail non négligeable, elle a beaucoup d'amis …


    La farce a commencé avec l’arrivée d’un véhicule estampillé PM qui n’hésite pas à bloquer la rue Napoléon, pourtant bardée de panneaux d’interdictions de stationner, afin d'éviter à JR de marcher. Le décor est en place, une fois la rue abusivement bloquée par la force publique, commence le pas de deux des policiers et des ouvriers municipaux, obéissant aux ordres du maire.

     

    B... tient bon et ne céde pas à la pression !

     

    Les policiers municipaux étaient embêtés au point que l’un d’eux, me voyant sur le pas de ma porte, est venu s’excuser « Madame, notre métier n’est pas toujours facile ». Une façon cryptée de dire son désaccord avec la pantalonnade qu’on l’obligeait à jouer.


    Je vous laisse imaginer le spectacle hilarant de JR, 80 ans, échoué tel un cachalot sur les marches de la rue Napoléon et, assis près de lui, son cher Bébert, 86 ans, aussi frétillant qu'un poisson pilote.

     

    Deux petits vieux apparemment inoffensifs, en réalité deux pestes revanchardes et mégalo en diable. La profession de foi de l’un est « Je suis le maire je fais ce que je veux ! » et celle de l’autre « Faites ce que je dis ne faites pas ce que je fais ! »

     

    La situation est restée calme jusqu’à ce qu'exaspéré par le nième refus de B.... d'obtempérer et de retirer les glorieuses banderoles, JR ordonne aux ouvriers venus pour cette tâche délicate, la banderole est quand même à hauteur du premier étage des deux maisons auxquelles elle est accrochée, de se mettre au travail.

    A partir de là on est entrés dans la 4e dimension, ça gueulait de partout ! Le « la » fut donné par J… venue en renfort et qui, devant le sacrilège qui se préparait, s’est mise à pousser des cris d’orfraie ainsi que B… tout aussi fort mais sur un ton plus grave, auxquels Bébert a répondu en braillant comme un goret qu’on égorge, et en fond sonore les voix plus sourdes des policiers qui tentaient sans doute de calmer tout ce petit monde. Quant à JR son état d’extrême délabrement physique lui interdit de participer à la chorale en plein air ce qui, tel qu'on le connaît, ne devait pas l’empêcher de péter de satisfaction. Par contre, il faut dire que la vigueur vocale de Bébert est étonnante chez un vieillard de plus de 86 ans !

     

    Le calme revint brusquement, il y eut comme un silence, celui qui annonce les tempêtes, jusqu’à ce que les cris de mes amies criant « AU VOLEUR ! AU VOLEUR ! » (je le mets au singulier mais c’était peut-être au pluriel !?) puis un bruit de moteur annoncent à la ronde que non seulement les banderoles avaient été enlevées par la force, mais que les policiers emportaient avec eux l’objet du soi-disant « délit ».


    Ensuite chacun est rentré chez soi, la rue a retrouvé sa sérénité, du moins en apparence …


    En apparence, parce qu’il y a gros à parier que l’épisode de ce vendredi soit le premier de ce qui deviendra certainement un feuilleton, dont vous pourrez suivre le déroulement sur ce blog. Des photos de la banderole ont été prises que je publierai dès que possible.


    En sortant ce samedi matin, j’ai vu que B… avait réagi à l’abus de pouvoir insupportable dont elle a été la victime, en accrochant une demi douzaine de soutien-gorge le long de sa façade, continuant ainsi à clamer haut et fort :

    « JE SOUTIENS ! »

     … à suivre donc !

     

      

     

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