• Le père Charles de FoucaultC.de_Foucauld-e3bd0.jpg

    Une lettre attribuée au Père de Foucault m'a fascinée quand je l'ai lu. Dans cette lettre il prédit ce qui nous arrive aujourd'hui et au-delà !! Tellement incroyable que j'ai écris directement aux Petites Soeurs de Jésus, un ordre religieux qui vit selon l'esprit de Charles de Foucault et une des soeurs m'a répondu en joignant deux textes à sa réponse. Le premier est publié plus bas sur la page, mais le second m'a été refusé par Over-blog parce que trop long, je l'ai donc publié sur mon propre espace web : lire ICI

     

    Le premier de ces textes est la lettre de Charles de Foucauld telle qu'elle circule sur le web. Les soeurs la reconnaissent comme authentique en précisant qu'elle est sortie de son contexte (voir les explications qui suivent la lettre). Mais on s'aperçoit après lecture que ces explications ne retirent ni n'ajoutent rien à l'analyse visionnaire du père Charles de Foucault.

     

    La situation que nous vivons aujourd'hui en France mais aussi dans le monde, n'en rend que plus importants les avertissement du père de Foucauld écris en 1916.

     

    Quand on lit cette lettre on comprend que même les musulmans non violents ne sont pas nos amis et qu'ils attendent eux aussi, certes pacifiquement mais patiemment et fermement, le jour où l'islam dominera le monde parce que, comme nous le rappelle le père de Foucault, telle est leur espérance !

     

    Allons-nous sachant cela continuer à supporter de voir les musulmans imposer leurs us et coutumes en France sans oser bouger ? Déjà les abattoirs publics sont devenus des abattoirs hallal, alors que ce mode d'abattage est proscrit par la Loi française qui punit sévèrement tout acte de cruauté envers un animal ! Jusqu'où nos élus vont-ils trahir nos lois sans s'apercevoir que c'est nos libertés qu'ils sont en train de brader, la nôtre et celle de ceux qui viendront après nous !

     

    Alors ?

     

    Les hommes politiques français d'aujourd'hui sont-ils aussi sourds et stupides que l'ont été les contemporains du père de Foucault ?

     

    Allons-nous laisser l'Islam s'installer en France, en Europe, dans le monde et nous soumettre à ses lois religieuses cruelles et barbares sous prétexte que nos pères et nos grands-pères ont été "d'affreux colonialistes et racistes" ou encore parce que les musulmans sont devenus une force terroriste dont il faut se méfier et aussi une force économique dont il faut tenir compte ? Sommes-nous devenus lâches et cupides à ce point ? Nos idéologies politiques sont-elles à ce point dépravées qu'on n'ose plus se défendre par peur d'être traités de "racistes" ou de "fascistes" ? 

     

    Ceux qui croient sincèrement lutter contre le racisme et faire dans le social devraient lire cette lettre écrite par un saint homme, un homme de paix, assassiné par ceux-là même auxquels il a voué sa vie, alors peut-être comprendront-ils qu'on les manipule comme des enfants ignorants !


    En lisant et relisant cette lettre on reste confondu par l'esprit visionnaire de Charles de Foucault, cet homme éminemment intelligent, qui maîtrisait avec le même talent les sciences ethniques, scientifiques et politiques. C'est pourquoi on ne peut que déplorer les efforts qui sont fait dans l'explication qui suit cette lettre pour stigmatiser ceux qui auraient le mauvais goût (sic!) de l'utiliser contre les musulmans. L'argument majeur dans cette explication besogneuse de la lettre du père de Foucault est qu'il faut se remettre dans le contexte de l'époque. D'après le ou les auteurs, Charles de Foucault ne pouvait pas savoir que ses propos seraient "mal interprétés" des décennies plus tard ... bref, c'est affligeant et particulièrement insultant envers l'intelligence du père de Foucault mais je publie quand même, par honnêteté et pour que chacun puisse se faire sa propre opinion.


    Si la France d'alors l'avait écouté

    la France d'aujourd'hui n'en serait pas où elle est !

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    La lettre du Père de Foucauld

    à René Bazin

    du 29 juillet 1916

     

     

    Citation de la 2ème partie de cette lettre :

    [...]

    Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l'Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l'esprit ni le cœur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l'étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses ; d'autre part, la masse des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts qu'elle a avec les Français (représentants de l'autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire aimer d'elle.

    Le sentiment national ou barbaresque s'exaltera dans l'élite instruite : quand elle en trouvera l'occasion, par exemple lors de difficultés de la France au dedans ou au dehors, elle se servira de l'islam comme d'un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant.

    L'empire Nord-Ouest-Africain de la France, Algérie, Maroc, Tunisie, Afrique occidentale française, etc., a 30 millions d'habitants ; il en aura, grâce à la paix, le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrès matériel, riche, sillonné de chemins de fer, peuplé d'habitants rompus au maniement de nos armes, dont l'élite aura reçu l'instruction dans nos écoles. Si nous n'avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu'ils deviennent Français est qu'ils deviennent chrétiens. Il ne s'agit pas de les convertir en un jour ni par force mais tendrement, discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction, grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, œuvre surtout de laïcs français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus intime.

    Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exceptionnellement, oui. D'une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s'y opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l'un, celui du medhi, il n'y en a pas : tout musulman, (je ne parle pas des libres-penseurs qui ont perdu la foi), croit qu'à l'approche du jugement dernier le medhi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l'islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non musulmans.

    Dans cette foi, le musulman regarde l'islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s'il est soumis à une nation non musulmane, c'est une épreuve passagère ; sa foi l'assure qu'il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l' engage à subir avec calme son épreuve ; "l'oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s'il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération", disent-ils ; ils peuvent préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu'aux Allemands, parce qu'ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami étranger ; ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par sentiment d'honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de fortune des XVIe et XVIIe siècles mais, d'une façon générale, sauf exception, tant qu'ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du medhi, en lequel ils soumettront la France.

    De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la nationalité française : comment demander à faire partie d'un peuple étranger qu'on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel on appartient soi-même ? Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d'apostasie, un renoncement à la foi du medhi..

    […]                                                                                                     Charles de Foucauld 

    Avril 2011

     

    Des précisions sont demandées à la Postulation, à la Famille spirituelle foucauldienne, aux Amitiés Charles de Foucauld sur l’authenticité de ce document largement diffusé aujourd’hui et sur sa portée véritable. Voici quelques éléments de réflexion sur le sujet.


    Charles de Foucauld avait 1u, dans l'Echo de Paris du 22 janvier 1916 (journal auquel sa cousine Marie de Bondy l'avait abonné et qu'il recevait à Tamanrasset avec deux mois de retard), un article de René Bazin, Le plus grand service, article qui l'avait vivement intéressé ; ce fut pour lui1'occasion d'écrire à l’académicien. De cette lettre, on a seulement une trace dans ce qu'écrivait Ch. de Foucauld à Louis Massignon le 11 avri1 1916 : « II est un homme que je n’ai jamais vu mais dont les écrits sont en grande harmonie avec mes pensées : M. René Bazin. Je lui ai écrit récemment, lui demandant de nous aider dans l’œuvre de christianisation de nos sujets infidèles ».

    Dans sa réponse Bazin demandait à Charles de Foucauld de lui parler de la vie du missionnaire parmi les populations musulmanes,  de ce qu'on peut attendre d'une politique qui ne cherche pas à convertir les musulmans   et maintient   le mahométisme, enfin des conversations avec des personnages du désert sur les affaires d'Europe et sur la guerre, selon les termes repris par le destinataire au début de sa réponse. Cette lettre de Bazin arrive à Tamanrasset par la poste du 15 juillet et Ch. De F. y répond le 29.  Comme il ne gardait pas les lettres reçues, sauf rares exceptions; la lettre de Bazin a été brûlée par lui, comme les autres, dès la réponse écrite.

              René Bazin ne semble pas avoir gardé l’original de cette réponse mais il  l'a publiée, un an plus tard,  dans le Bulletin du Bureau catholique de Presse d’ octobre 1917  en y ajoutant des sous-titres   qui correspondent aux trois questions posées par lui.

        1°) quelle est la vie du missionnaire parmi les populations musulmanes

        2°) comment franciser les peuples de notre empire africain,

        3°) quel est le contenu des conversations avec des personnages du désert sur les affaires de l'Europe et sur la guerre. 

    Suivent deux paragraphes en finale, l'un sur la main d'œuvre polonaise qui pourrait aller travailler en Afrique musulmane, l'autre sur les Kabyles.

            

             La plupart des diffusions actuelles ne donnent de cette lettre que la deuxième partie,   intégralement et sans modification, en la datant parfois de 1907. D’autres la citent dans son ensemble avec des passages expurgés. Beaucoup   affichent  leur interprétation en titre, comme par exemple : « Pour que l’Occident ne devienne jamais une terre d’Islam ». Ou même : « Les Turcs peuvent-ils devenir français» ? D’autres font croire qu’elle a été rendue publique à l’occasion de la béatification,   le 13 novembre 2005 et qu’elle constitue un document important sur les rapports entre l’islam et la nation française. En fait tous se réfèrent à l’édition de 1917. René Bazin lui-même dans son livre de 1921 sur Charles de Foucauld n’en cite que des extraits, pris dans les deux premières parties, en les datant (par erreur) du 16 juillet 1916. (p.442sq).

     

    Il faut remarquer d’emblée que ni Charles de Foucauld ni René Bazin ne pouvaient en 1916 imaginer le phénomène de l’immigration importante de populations musulmanes vers la France, qui ne date que des années post-coloniales. Ils ne parlent l’un et l’autre que de ce qui se passe en 1916 dans ce qui était alors « l’empire africain » de la France et de l’œuvre des missionnaires catholiques travaillant dans ces populations qu’on pense alors fixées à demeure en Afrique.

    En réponse à la deuxième question de Bazin l'argumentation de Charles de Foucauld   sur la « francisation » des populations de religion musulmane habitant les régions devenues colonies françaises est la suivante : étant donné les idées politiques qui s’appuient sur les croyances populaires des musulmans, étant donné également les comportements qui découlent de ces croyances et de ces idées, il n'y a pas à s’étonner qu’ils ne soient pas  pressés de devenir français et il n'y a pas à espérer qu'ils demandent une francisation.  Cette perspective  ne pourrait être envisagée que si ces croyances politico-religieuses venaient à disparaître. Or, d’après lui, elles ne peuvent disparaître que par le changement de religion ou par une instruction un peu poussée, comme il le dit ailleurs. Se mettant  à leur place, il pense que s'ils restent musulmans, ils ne peuvent pas souhaiter devenir français. D'où sa formule de conclusion : "Le seul moyen qu'ils deviennent Français est qu'ils deviennent chrétiens".

    S’il en arrive à cette opinion, c’est après une longue fréquentation de certains pays d’Islam commencée en 1880 lors de son arrivée en Algérie, approfondie durant son exploration du Maroc et poursuivie pendant près de dix ans au Proche Orient. C’est surtout après une étude approfondie et même scientifique du milieu de vie qui est le sien au Sahara dans les années 1905-1916, qu’à  la fin de sa vie, il peut noter comme significative  la croyance populaire en l’arrivée du « Mehdi », (ou Mahdi et non Madhi comme c’est diffusé) qui éliminera les occupants et établira l'Islam universel. C’est ainsi qu’il écrivait à Paul Duclos le 16 avril 1915 à propos de  Moussa agg Amastan  […] il   attend évidemment l'arrivée, d'ici à 30 ans, du Mehdi qui soumettra tous les chrétiens et autres infidèles aux Musulmans et établira sur toute la terre le règne de l'Islam ... je suis persuadé que c'est ce que Moussa dit à ses gens : prenez patience ; soyez tranquilles ; obéissants envers les payens, tant que DIEU leur donne pouvoir sur nous ; le temps n'est pas loin où il nous donnera à notre tour pouvoir sur eux, quand il enverra son Mehdi, que tous les savants disent être proche…  Nos victoires sur les Musulmans du Maroc, de Tunis, de Tripoli, d'Égypte, de Turquie, ne font qu'enraciner la croyance à la prochaine apparition du Mehdi, car elle sera précédée, disent les écrivains musulmans, des plus grandes calamités pour l'Islam. »

     L'allusion au Mehdi devait être courante dans la mentalité des gens du Hoggar, puisqu’on peut lire à la fin de la déposition de Paul Embarek, racontant la mort du marabout au Procès canonique de 1929 : « Nous avons enterré le Père...Les Harratin  furent dans la joie. Ils se disaient : "C'est fini pour les Français. L'imam El Mahdi est venu" ».[1]

    L’Imam El Mahdî attendu à la fin des temps a toujours fait l'objet d'une attention particulière en   Islam, bien qu’il n’en  soit pas question dans le Coran mais seulement dans les Hadiths.  Sa venue précèderait la seconde venue sur terre de Jésus,  dont parlent les Ecritures chrétiennes et musulmanes. « A travers les siècles, il a nourri la piété populaire autant que la réflexion des théologiens. Mais ce sont, sans conteste, les mystiques et les maîtres spirituels qui nous offrent les exposés les plus précieux. » [2] Quelques soient les  interprétations savantes ou mystiques de son rôle, les gens du Sahara n’en connaissent rien de plus que ce qu’en rapporte Charles de Foucauld. C’est cette piété populaire, politisée, qui est répandue surtout dans le Sahara. L’attente d’une intervention extérieure dans la mouvance de la confrérie Sénoussie n’était pas sans lien avec une annonce de l’arrivée immédiate de l’imam Al Mahdi qui allait libérer le pays de la domination étrangère  pour combattre le mal et instaurer la justice sur la terre. Par ailleurs, les rumeurs entretenues quelques années auparavant sur un des chefs de la confrérie sénoussie, qui portait le nom d’El Mahdi, ajoutaient du crédit aux légendes locales.[3]   Cependant croire qu’il s’agit   d’une histoire d’un passé révolu serait une erreur. La consultation de quelques sites d’Internet montre que la référence au Mahdi et son utilisation politique est toujours d’actualité   aussi bien dans les situations de catastrophes planétaires, tremblements de terre, tsunamis et menaces nucléaires que dans les appels  à la Guerre Sainte.

     

    Ceci nous amène à réfléchir à la position de Charles de Foucauld d’une part par rapport à l’Islam comme religion, et d’autre part par rapport aux gens qui professent cette religion, car il s’agit de bien distinguer les deux perspectives.

    Converti au Dieu de Jésus-Christ, il aura par rapport à l’Islam une position radicale. Si, au temps de son incroyance, comme il devait l’écrire un jour à son ami Henry de Castries, l’Islam a pu lui paraître séduisant, maintenant qu’il est entré, par une adhésion totale et définitive, dans la foi catholique, il ne peut considérer la religion musulmane que comme une erreur manifeste,  même si elle contient des vérités qu’il reconnaît.

      Cette position absolue  ne l’empêche nullement d’entrer en contact avec les gens de l’Islam, car, il découvre des personnes qui  sont nées dans cette religion  et qui la professent de bonne foi. Après avoir cru possible et imminente la conversion de beaucoup il se rend compte assez vite que les musulmans au milieu desquels il vit ne peuvent adhérer à la religion chrétienne par une simple proclamation de l’Evangile, comme cela peut se faire ailleurs en Afrique. Il n’envisage pas de convaincre les chefs  à la manière des premiers missionnaires d’Extrême Orient par sa science et son savoir. Même ses efforts de fraternisation ne semblent pas porter les fruits espérés. Il renonce aux œuvres de bienfaisance qu’il pratiquait dans ses débuts et à tous les moyens humains qui lui donneraient du prestige. Tout en reconnaissant que la sainteté des plus grands saints n’a pas réussi à convertir le monde, il sait qu’elle est la condition nécessaire et il continue à penser et à dire que rien ne se fait parce qu’il n’est pas entièrement à Jésus et qu’il doit travailler à sa propre conversion.

    Sûr de la Volonté divine de sauver tous les hommes en Jésus Sauveur et fort de cette espérance, il remet la conversion des autres entre les mains de Dieu, sachant qu’elle demandera peut-être « des siècles ». Il se  pose dès lors  la   question du Salut de ces populations qui  est sa hantise et sa seule préoccupation. Comment travailler au salut de ceux au milieu desquels il vit sinon en rendant proche et aimable à chacun le Visage de Jésus, le Sauveur universel. Ces hommes et ces femmes qui l’ont sauvé de la mort physique en janvier 1908 et lui offrent leur amitié, il ne peut que les aimer en retour et travailler ainsi à leur salut : « Aimer le prochain, c’est-à-dire tous les humains, comme nous-mêmes, c’est faire du salut des autres comme du nôtre, l’œuvre de notre vie ».[4]  Il sait aussi que tout chrétien a le devoir de témoigner  de la bonté de Jésus. Il fera donc de la relation aimante avec chacun sa règle permanente «  de nouvelles amitiés se forment.  Je rends service en ce que je peux, je tâche de montrer que j'aime ». Il ne peutrien faire d’autre dans la situation présente et c’est ce comportement original et unique qui  fera de lui dans l’Eglise le précurseur d’un mode de présence aux autres, valable en bien d’autres situations et partout dans le monde.

    Il est bien le promoteur de ce «vivre ensemble » contre lequel s’insurgent les diffuseurs de cette lettre qui devraient en relire la première partie, où il parle de sa vie avec les musulmans, et regarder de plus près ce que furent les amitiés de celui que l’Eglise a reconnu comme un guide pour ce temps, en le proposant à la vénération de tous.  On doit donc reconnaître qu’il n'y a chez lui ni islamophobie ni racisme, et qu’il n'est pas permis, à moins d'extrapolation partisane, de partir de cette lettre rédigée en 1916 pour développer, dans les circonstances actuelles qui marquent la France et l'Europe, des points de vue tendancieux. C’est prendre position que de qualifier de « prémonitoire » cet extrait de 1916, Charles de Foucauld étant, quand il écrit cette lettre, totalement étranger aux questions d’aujourd’hui comme l’intégration, le multiculturalisme, et autres situations apparues récemment avec l’arrivée de migrants de religion musulmane en des pays de tradition chrétienne. Il n’y a pas non plus à tirer de ce qu’il dit un jugement sur ces nombreux musulmans qui ont demandé à devenir français en restant dans leur religion propre. 

    Il n’y a pas pour autant à faire de lui un inventeur du dialogue interreligieux qui n’était pas du tout sa préoccupation. Mais les spécialistes de ce dialogue peuvent reconnaître en lui un modèle du comportement qui doit obligatoirement précéder tout désir  d’échange  et de discussion. Seule l’amitié peut permettre le dialogue et le rendre utile.



    [1] Cité dans Antoine Chatelard, La mort de Charles de Foucauld, p. 253.

    [2]  Cf. Le Mahdî et ses conseillers, une sagesse pour la fin des temps, Ibn al-Arabi, Muhammad Ibn Ali Muhyi al-Din ,traduit de l'arabe par et annoté par Tayeb Chouiref , Mille et une lumières , Paris

     3  La légende noire de la Sanûsiyya : une confrérie musulmane saharienne   ... Par Jean-Louis Triaud p.649 

     

     

    [4]  Charles de Foucauld, Voyageur dans la nuit, Paris, Nouvelle Cité, 1979, p.207, 18 juin 1916.

     

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