“Ce soir ou jamais”

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Le soir même de la Journée Mondiale contre l’Homophobie, le 17 mai, eut lieu sur la 3° chaîne publique, un débat sur le sujet, dans l’émission animée par Frédéric Taddeï, “Ce soir ou jamais”, auquel participaient, entre autres, M.Tin, initiateur de la Journée Mondiale, la ministre de la famille, une spécialiste des religions, un sociologue, et un nouveau “philosophe” véritable phénomène, qui, manifestement avait été propulsé sur le plateau par la hiérarchie catholique pour défendre le pape et son Eglise.

   Déjà dans un débat précédent, sur “la peur”, un autre philosophe – en ce moment chacun se bombarde de ce titre, car lesdits sages poussent comme des champignons ! – avait du mal à se cantonner strictement à son rôle et empiétait plutôt sur le religieux, à demi-mot, rendant l’homme responsable de toutes les catastrophes naturelles, dans un discours prudent où il avait du mal à refouler dans sa bouche le mot de “péché originel” qui lui brûlait les lèvres !

   Mais ce nouveau et jeune philosophe, manifestement de la même pensée scolastique que son aîné, faisait manifestement-là ses premières armes, et pour un coup d’essai, ce ne fut pas un coup de maître, bien au contraire. Passons sur le manque total de clarté de ses arguments, décousus, et hors propos la plupart du temps, dans une élocution aussi brouillonne que sa pensée. Sa stratégie fut de critiquer d’emblée tout ce que les participants disaient, sans même les écouter, afin d’essayer de ramener le débat sur les attaques, naturellement infondées selon lui, du catholicisme et surtout du pape. Il n’y réussit pas et devait se contenter la plupart du temps lorsqu’il était dans le champ de la caméra de faire des mimiques et des grimaces de désapprobation et de contrariété, qui amusaient les autres intervenants !

   Ce qui fut dit, tient en résumé à ceci : les religions monothéistes étaient certes responsables de détenir et véhiculer des textes homophobes, mais non point responsables de la violence et maltraitements subis par les homosexuels, lesquels ne seraient ni mentionnés ni justifiés par les dites Ecritures !

   Quelle ignorance, consciente ou pas, volontaire ou pas, de la part des participants, que d’affirmer devant des millions de téléspectateurs cette contre-vérité que la violence n’est pas prônée dans la Bible à propos de l’homosexualité !

   En effet, c’est le Livre du Lévitique – de la caste des prêtres, et d’un radicalisme inhumain dénoncé par nombre d’humanistes – que figure la condamnation de la sexualité honnie, au chapitre 18, verset 22 : « Tu ne coucheras pas avec un homme, comme on couche avec une femme. Ce serait une abomination. » et le chapitre 20, verset 13 en donne la cruelle sanction : « Ils seront mis à mort, leur sang retombe sur eux » ! On notera que la véritable explication de cette cruauté est donnée au verset 24 du chapitre 18 : L’énumération d’actes qualifiés d“impurs” qui sont l’alibi justifiant la politique d’Israël d’alors, son appropriation de territoires : les peuples chassés étaient “impurs”. Voilà une excellente raison de leur confisquer leur territoire, biens et terres, de s’en laver la conscience dans le sang, et au nom d’un Dieu qui a en abomination le crime : « Tu ne tueras pas » !

   Dédouaner l’Eglise de son homophobie est intellectuellement et historiquement malhonnête.

Au Moyen-Age et sous l’Inquisition, l’Eglise envoyait les homosexuels sur les bûchers, à l’exception de ses prêtres et de ses religieux ! Aujourd’hui, des documents pontificaux, y compris des deux derniers papes, témoignent toujours de son homophobie, certes plus polie et plus sournoise, mais non moins agissante sur les esprits faibles et soumis.

   C’est pourquoi les associations contre l’homophobie demandaient, au cours de cette journée qui lui était consacrée, que les trois principales religions monothéistes condamnent clairement, et sans ambiguïté, la violence homophobe, et cela en dehors de toute considération théologique et exégètique. Au nom tout simplement des Droits de l’Homme ! Le feront-elles ?

                                                                                   Jean  Laclare