• Ce matin dans l'Indépendant un titre d'une terrible banalité : " Le locataire endetté saute par la fenêtre à l'arrivée de l'huissier et se tue".

    Ce drame qui s'est déroulé à Toulouse est la conséquence d'une de ces chimères appelées "crédit à la consommation". Afin de ne pas dire de bêtise j'ai cherché sur internet ce qu'est exactement un "crédit à la consommation" et voilà ce que j'ai trouvé : Le crédit à la consommation est défini à l'article 311-1 4° du Code de la consommation de la manière suivante : "opération ou contrat de crédit, une opération ou un contrat par lequel un prêteur consent ou s’engage à consentir à l’emprunteur un crédit sous la forme d’un délai de paiement, d’un prêt, y compris sous forme de découvert ou de toute autre facilité de paiement similaire, à l’exception des contrats conclus en vue de la fourniture d’une prestation continue ou à exécution successive de services ou de biens de même nature et aux termes desquels l’emprunteur en règle le coût par paiements échelonnés pendant toute la durée de la fourniture   

    Présenté ainsi tout à l'air parfait et tellement facile. Le problème c'est que nombre de ceux qui font appel à cette forme d'aide financière sont souvent déjà fortement endettés, et la plupart ne percutent pas qu'à un moment ou à un autre il faut payer. Quand les échéances arrivent le piège se referme sur les imprudents qui ont cru pouvoir vivre confortablement sans argent ou presque. Ils se retrouvent aussi pauvres qu'avant et bien plus endettés qu'ils ne l'étaient déjà, tellement endettés que certains préfèrent mourir que de faire face aux conséquences de leur fuite en avant.

    Dans notre société l'expulsion de votre appartement vous jette dans la rue où vous devenez un SDF de plus, on ne peut pas descendre plus bas.

    Il y a 60 on appelait les sans-abri des clochards mais ils étaient infiniment moins nombreux qu'aujourd'hui et souvent ces marginaux étaient des anarchistes, des inadaptés qui préféraient la "liberté" au conformisme d'une vie dite "normale". A cette époque, rares étaient les "clodo" qui vivaient dans la rue contre leur gré. Le plus souvent ils étaient connus dans leur quartier ou leur village, les gens leur donnait à manger, ils trouvaient à se loger quand l'hiver était trop froid... c'était il y a bien longtemps quand la société se laissait toucher au coeur par l'appel d'un petit abbé qui dénonçait les bidonvilles.

    Aujourd'hui, il n'y a plus de "clochards" excentriques ni de bidonvilles, il n'y a plus que des laissés pour compte d'une société sans foi ni loi où le fric règne en maître omnipotent. Combien de SDF ont eu une existence normale, un bon emploi, une maison, une vie à des années lumières de la vie de dénuement où le chômage, la malchance, les deux allant souvent de pair, les ont précipités.

    Hier à Toulouse, un quinquagénaire n'a pas supporté la honte de l'expulsion ni l'avenir horrible qui l'attendait et s'est défenestré à l'arrivée de l'huissier.


    Voici ce que dit l'Indépendant de ce triste fait divers :

    169084_depeche.jpgC'est dans cet immeuble que s'est passé le drame.

     

     "Un homme de 59 ans qui ne payait plus ses loyers est mort après s'être jeté par la fenêtre de son appartement du troisième étage à l'arrivée d'un huissier venu lui signifier un arrêté d'expulsion, à Cugnaux, au sud-ouest de Toulouse, a-t-on appris mardi auprès des gendarmes. L'homme a succombé à ses blessures lors de son transport à l'hôpital. Vers 9H00 lundi, alors que la victime se trouvait chez elle, un huissier est arrivé pour lui signifier une expulsion locative. C'est alors que l'homme, qui accusait plusieurs mois de loyer impayés, a sauté par la fenêtre.

    D'après le quotidien La Dépêche du Midi, le gestionnaire de l'appartement, la Patrimoine languedocienne, une entreprise spécialisée dans la construction de logements sociaux, avait adressé plusieurs courriers au locataire. Un responsable a expliqué au journal que celui-ci était surendetté à cause en particulier de crédits à la consommation. L'entreprise a tenté en vain de l'aider à engager des démarches. Une autopsie du corps a été ordonnée par le parquet et une enquête judiciaire a été ouverte, ont indiqué les gendarmes."


    © MICHEL LABONNE

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