• Les arguments pro-corrida de M. Marteill constituent un renversement de l'échelle des valeurs, et au nom de la « Tradition ». Hors, toute tradition n'est pas forcément bonne par le seul fait qu'elle existe. Les exemples fourmillent que la société a su dépasser, remplacer ou corriger, au fur et à mesure que l'homme, en marche vers la civilisation, prenait conscience de sa dignité et de sa responsabilité vis-à-vis de la nature et du monde animal.

       Les anti-corrida ne sont pas « focalisés » sur ce jeu de cirque. Ils sont bien souvent engagés dans d'autres combats de progrès social, en humanistes et non pas en « Inquisiteurs » terme attribué, inconsidérément d'ailleurs, aux anti-corrida, par M. Marteill, alors que c'étaient les « inquisiteurs » qui infligeaient des tortures ! La corrida nuit d'ailleurs à l'action humanitaire : comment demander l'abolition de la torture dans les pays fascistes, totalitaires, quand nous nous repaissons de spectacles sanguinaires ?

        Qu'est-ce qui fait la différence entre l'animal et l'homme, et qui a permis la « civilisation » ? L'animal n'obéit qu'à son instinct. L'homme contrôle instinct et passions grâce à la raison qui forge sa faculté de discernement entre le bien et le mal. Voilà ce qui fait la dignité de l'"homme civilisé". 

       L'argument majeur avancé est que la souffrance et les pires horreurs ont été et continuent d'être commises de par le monde, comme si l'existence du crime devait justifier le crime ! Par ailleurs, est-ce une raison pour en rajouter, au lieu d'aider à trouver des solutions là où la barbarie sévit encore ? Ce n'est pas parce que l'agressivité existe que nous devons l'entretenir et la perpétuer. Pourquoi ne pas rétablir la torture ou les exécutions sommaires publiques, sous prétexte qu'elles furent une « tradition » ? Pourquoi pas un retour aux combats de gladiateurs ? Nous savons où peut mener la tendance à donner libre cours aux bas instincts, avec le nazisme, et sous l'Occupation. De tels principes conduisent à la régression.

       La civilisation c'est précisément l'effort d'humanisation de nos vies depuis la préhistoire, et non pas l'inverse. Nous nous rabaissons plus que les animaux lorsque nous choisissons volontairement de jouir de leur souffrance et de leur sang versé. Quant à un « nombreux public » partisan des corridas, il convient de rappeler que selon un récent sondage, 73 % des Français sont contre les rites sanglants. Donc, selon le respect que M. Marteill dit porter à la démocratie, il devrait s'incliner face à ce choix.

     

                                                                                                  Jean Laclare

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