• On dirait que le monde découvre ce que les scientifiques et les écologistes dénoncent depuis longtemps :

    les produits phytosanitaires sont dangereux !

     

    Je ne peux m'empêcher, en écoutant les médias, de me souvenir de l'accueil qu'avait reçu mon action en 2001. Mon but était de faire connaître aux viticulteurs de Banyuls-sur-mer les graves problèmes issus de l'utilisation des produits phytosanitaires.

     

    Evidemment mon initiative fut extrêmement mal reçue, je m'y attendais mais pas à la violence à laquelle j'ai dû faire face de la part de certains particulièrement excités, ni des bassesses sournoises des autres, ceux là ont été les pires.

    Je me suis vite retrouvée isolée, haïe,  alors que je ne faisais que dire la vérité, une vérité qu'à cette époque, pas très éloignée pourtant, personne, surtout pas les professionnels de la viticultures ne voulaient entendre.

     

    Il aura fallu attendre que la pollution planétaire devienne si grave et atteigne des pics tellement dramatiques pour que les autorités gouvernementales des pays dits "évolués" fassent un virage à 190° et acceptent que la survie des espèces, dont la nôtre passe avant les intérêts financiers des puissants lobbies de l'industrie chimique.

     

    Les états des sociétés pollueuses alertent enfin l'opinion publique et semblent vouloir prendre (jusqu'où ?) les mesures adéquates.

     

    N'est-il pas trop tard ? Beaucoup le pensent et je suis de ceux là. 

     

    Donc en 2001 je prends l'initiative de créer un Comité Banyulenc de Défense de la Santé - CBDS - avec un seul but en tête :

    - Dénoncer les méfaits dramatiques des produits phytosanitaires sur la faune et la flore, mais aussi sur l'être humain qui, malgré son incommensurable arrogance et son immense pouvoir de destruction, n'est qu'un animal parmi les autres.

     

    La prise de conscience que beaucoup de produits chimiques utilisés dans l'agriculture étaient très dangereux commença de façon étonnante, il y a un peu plus de vingt ans, quand on a commencé à constater, presque par hasard, des signes de stérilité chez ... les crocodiles.

     

    Dès le départ les scientifiques soupçonnèrent l'action de certains produits chimiques et forts de cette seule intuition, dirigèrent leurs investigations dans ce sens. Quelques courtes années leur suffirent pour conclure avec certitude et preuves à l'appui, que les produits phytosanitaires provoquaient la stérilité chez les mâles, y compris ceux de notre espèce (sic). Plus grave encore, ces mêmes produits seraient responsables de graves malformations sur les foetus et les très jeunes enfants, en particulier des malformations des organes génitaux mais pas seulement.

     

    Aujourd'hui le grand public découvre l'étendue du désastre, mais que dire des autorités qui n'ont rien fait et ont continué à laisser les pollueurs fabriquer le poison et aux agriculteurs du monde entier l'acheter et l'utiliser à outrance ??

     

    Ecologiste engagée depuis de nombreuses années, j'étais évidemment informée du danger des produits destinés à l'agriculture et je vous laisse imaginer ma réaction quand j'ai vu, pour la première fois sur mon cher village de Banyuls-sur-mer, un hélicoptère vidanger du poison chimique sur les terres, les bêtes et les gens. De ma terrasse je le voyais tourner comme un gros frelon malfaisant, c'était à pleurer. Mais je n'étais pas la seule à être inquiète, beaucoup de banyulencs l'étaient aussi. Une vigneronne écolo (à Banyuls ils sont 2 vignerons écolo sur 800 vignerons "traditionnels") a eu l'idée de lancer une pétition. A sa grande surprise cette pétition recueillit plus de 600 signatures, ce qui pour un petit village comme Banyuls est positivement énorme.

     

    Les signataires demandaient non pas l'arrêt des épandages de produits phytosanitaires, ce qui prouve la docilité du public face à ce type d'agressions (car l'empoisonnement de notre environnement est réellement une agression) mais simplement l'arrêt des épandages par voie aérienne. Dans notre pays de grands vents, il ne faut pas être un Einstein pour comprendre que vent et précision, en tout cas dans ce type d'opération, ne font pas bon ménage. On peut penser que celà oblige certainement à déverser encore plus de produits qu'il n'en faudrait avec des épandages terrestres, même si ce genre de détail n'est évidemment pas publié.

     

    Il faut dire que le fait de voir nos vignerons harnachés comme des cosmonautes au moment de l'épandage terrestre avait déjà fait comprendre le danger aux plus suspicieux. Inconsciemment beaucoup bloquaient leur respiration le temps de dépasser la vigne en cours de traitement. Voilà qui peut paraître désespérément ironique pour qui va à la campagne dans le but de prendre une grande goulée d'air pur ! 

     

    Parce que je suis cataloguée "écolo" des personnes me contactèrent. La pétition avait été confiée à un habitant qui ne savait pas trop comment l'utiliser et il fallait agir, mais comment ? J'étais moi même désolée de voir ce capital de protestations gâché sans que l'initiatrice de la pétition ne mène son action jusqu'au bout par manque de temps. J'ai décidé de créer non pas une association mais un comité. Je ne voulais pas rempiler pour des années avec encore une fois une association sur les bras, je voulais simplement utiliser les 600 signatures pour alerter les médias et organiser des conférences d'informations.

     

    La création du Comité Banyulenc de Défense de la Santé fut publiée au Journal Officiel le 3 août 2002.

     

    A partir de là je pus organiser les conférences qui permettraient à d'éminents scientifiques de dénoncer à l'attention des banyulencs et surtout des vignerons banyulencs, les dangers des produits phytosanitaires et des épandages aériens de ces produits dans notre atmosphère, sur notre terre, nos cours d'eau et nos précieuses nappes phréatiques, avec les répercussions dramatiques que scientifiques et écologistes connaissaient déjà très bien mais pas forcément le grand public.

     

    Pourtant en 2001 certains médias, dont l'hebdomadaire La Semaine du Roussillon s'étaient fait l'écho de la dangerosité des produits phytosanitaires et des cris d'alarme lancés par les scientifiques, en particulier le professeur Sultan, éminent pédiatre au CHU de Montpellier mais sans retenir vraiment l'attention du public.

     

    Mon but final en créant le CBDS était de sensibiliser les viticulteurs de la Côte Rocheuse à ce problème grave de pollution phytosanitaire, dont ils étaient responsables parce que mal conseillés, en me disant qu'une fois avertis ils agiraient en conséquence. Si par malheur ils refusaient d'entendre raison, tant il est plus facile de faire l'autruche que d'entreprendre les efforts nécessaires pour corriger des erreurs aux conséquences dramatiques, au moins ils ne pourraient pas se dédouanner aux yeux des générations futures en disant  : On ne savait pas !

    Depuis ces trois conférences ILS SAVENT !

    La 3e conférence bouclée je me suis faite lyncher, c'est le moins qu'on puisse dire, par la population dont la vigne est la principale source de revenu, sans que ceux qui étaient venus me chercher afin d'agir, lèvent le petit doigt pour me soutenir au moment de l'affrontement. Lorsque par la suite je constatais que même ceux là n'osaient plus assister aux réunions et que j'étais considérée dans mon propre village comme l'ennemi public n°1, celle qui voulait tuer le vin de Banyuls j'ai jeté l'éponge. Je ne suis pas de celles qui sont plus "royalistes que le roi" et qui se sacrifient pour une cause, fut-elle aussi noble que celle de protéger la santé publique. 

    J'ai dissous le CBDS et depuis, à part le petit intermède de la lutte contre l'installation des cages à thon au large de notre belle Côte Rocheuse, je ne m'occupe plus que de mes affaires et je m'en porte beaucoup mieux.

     

    Finalement, les seuls à être déçus par la dissolution du CBDS furent les banyulencs qui habitent à proximité des antennes relais pour téléphones mobiles, installées par Bouygues sur le territoire de Banyuls-sur-mer. On sait que ces antennes sont fortement soupçonnées de nuire à la santé publique. Le CBDS avait commencé, sous l'impulsion de Monsieur Delanou, dont l'immeuble est pourvu d'une de ces antennes, à mettre en place une campagne dont le but était d'obliger Bouygues à changer la catégorie de 3 antennes installées au coeur du village. 

     

    6 antennes au total sont implantées sur le territoire de Banyuls-sur-mer, dont 3 au milieu des quartiers et ce au mépris de la loi qui oblige une bande de 300 m de sécurité au minimum entre ce type d'antenne et les premières habitations. Dommage pour la suite car évidemment depuis la dissolution du CBDS, personne à Banyuls-sur-mer, surtout pas les élus (sic!) ne s'occupe de près du problème des antennes relais, même si Mr Delanou est parvenu à convaincre les habitants de son immeuble sur lequel est placé une des 3 antennes de refuser le renouvellement du bail à Bouygues, rien n'est fait pour les 2 autres antennes, celles du port et de Castell Bear.

     

    Comme je l'ai dit, nul ne sait quel est l'impact de ces antennes relais sur la santé publique, par contre on sait de façon certaine que les produits phytosanitaires eux sont très dangereux. Ce qui revient à dire que les habitants de Banyuls-sur-mer sont à la merci d'au moins deux formes graves de pollution, sans qu'aucune association ne s'y intéresse et pourtant il est temps d'agir, et VITE !

     

    Dès 2002, j'avais demandé à la DDASS de PERPIGNAN de faire une étude approximative du pourcentage de cancers par habitant sur la Côte Rocheuse afin de la comparer à la moyenne de la France. Je n'ai jamais obtenu de réponse officielle mais officieusement il m'a été communiqué, verbalement (sic), que l'inquiétude de la DDASS est grande car cette étude a été faite et dénonce que sur la Côte Rocheuse le %  de cancers par habitant dépasse largement la moyenne nationale. 

     

    On ne m'a pas donné les chiffres exacts fournis par cette étude, mais je reste convaincue que nous devons battre un triste record vu le nombre chaque année plus élevé de cancéreux à Banyuls-sur-mer. C'est effrayant. Plusieurs personnes atteintes dans la même famille, pas une maison de la plus petite rue qui n'ait une ou plusieurs personnes atteintes, c'est une véritable catastrophe sanitaire et je pèse mes mots !

     

    Les problèmes de pollution étant devenus au cours des 5 dernières années une préoccupation à l'échelle mondiale, les viticulteurs du cru Banyuls se sont mis eux aussi au diapason et on ne peut que s'en féliciter, même si on aurait pu limiter la casse en adoptant dès 2002 les mesures qui se mettent en place en 2008 et ne seront vraisemblablement opérationnelles que dans les années à venir.

     

    Une décennie perdue pour la santé publique au profit des grands lobbies de l'industrie chimique, c'est très regrettable quand c'est notre santé qui trinque.

    LES CONFÉRENCE ORGANISÉES PAR LE CBDS

     3 conférences-débat d'une remarquable qualité, chacune animées par un scientifique éminent :

    Pour l'eau le professeur Salvayre

    Pour la terre le professeur Masson.

    Pour la santé enfin le professeur Sultan célèbre pédiatre du CHU de Montpellier qui dénonce depuis des décennies la catastrophique retombée des pesticides sur le foetus et le jeune enfant. Les plus exposés étant évidemment les enfants d'agriculteurs et de viticulteurs.

    Les articles de presse d'une courte aventure dont je garde un mauvais souvenir mais que je ne regrette pas, si c'était à refaire je referai à l'identique :

    http://marguerite.aroles66.free.fr/cbds.pdf   je  m'excuse car malgré mes efforts certains articles sont pénibles à lire, mais pas tous...

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